Bohain-en-Vermandois

Bohain : après l’échec du coup d’État, les Turcs dans l’incompréhension

Le putsch raté de vendredi dernier étonne la communauté turque bohainoise qui ne comprend pas que cela ait pu se dérouler dans leur pays.

Par L'Aisne Nouvelle | 

 

Vendredi soir, de nombreux Bohainois originaires de Turquie sont passés par tous les états. L’émotion d’abord, de voir le parlement bombardé, et une partie de l’armée se soulever contre le gouvernement. Puis, rapidement, le trouble a fait place à l’étonnement et au choc. Trois jours plus tard, l’incompréhension est toujours palpable.

Le putsch raté a en effet surpris dans la communauté turque bohainoise. «  Mon premier ressenti, c’était l’étonnement, raconte Oktay Aktan, jeune étudiant en droit. Ça ne devait pas arriver en Turquie. Ce n’était pas possible, on n’est plus dans les années 80, on n’est pas un pays d’Amérique du Sud.  » Yakup Girpan, artiste-étudiant, s’est dit choqué par cette tentative de putsch. «  La Turquie est un pays qui était apaisé depuis 2010. Ce n’est pas le Botswana où l’armée prend le pouvoir avec cinq Jeep et dix militaires. J’ai trouvé ça impensable et insensé qu’un coup d’état militaire puisse se dérouler dans un pays géopolitiquement très important comme la Turquie.  » «  Je ne m’attendais pas à ce qu’un coup d’État puisse se passer en Turquie, poursuit Mustapha. Jusque-là, tout se passait bien.  »

La crainte d’une guerre civile

La donne a un peu changé lorsque les putschistes ont occupé la chaîne de télévision nationale turque. Pendant quelques minutes, la peur s’est installée dans les foyers qui suivaient les événements en direct. «  J’ai regardé la télévision toute la nuit, et j’ai eu très peur, parce que c’était comme si la Turquie partait dans la révolution  », affirme Fahri Kaya, du haut de ses 77 ans. «  Le premier jour, on a eu un peu peur. Mais quand le gouvernement a repris le contrôle de la situation, ça allait mieux. », confie Mustapha. Yakup Girpan craignait lui «  qu’une guerre civile aurait éclaté si le putsch réussissait. C’est ce qu’ils voulaient. Ça voulait dire que le pays aurait été plongé dans le chaos.  »

S’il a trouvé les déclarations des putschistes à la télévision «  très choquantes  », Oktay Aktan a soufflé quand il a «  vu la foule dans la rue. J’ai été rassuré et fier d’être Turc. Dans ce genre de situation, c’est le peuple qui défend la démocratie, qui défend sa parole  »

Soutien massif à Erdogan

Depuis cette tentative de coup d’État raté, ou cette mutinerie, beaucoup de Turcs sont pro-Erdogan, sans retenue. Oktay Aktan se dit «  ni pro gouvernement, ni pro Erdogan, mais à l’extérieur du pays, il reste notre président, et hors de Turquie, je le soutiendrai jusqu’au bout.  » À ce titre, il se dit «  contre la peine de mort, sauf pour la trahison  ».

Yakup Girpan considère, lui, «  qu’on n’a pas à craindre un État totalitaire en Turquie. Les Turcs ne laisseront pas faire, et Erdogan non plus. Gülen, c’est un charlatan, un malin. Il s’est transformé en homme d’affaires, il a fait infiltrer des soldats dans l’armée turque.  »

Son pays sortira même grandi de cet épisode. «  La Turquie est une démocratie. Les femmes voilées, les transsexuels, les touristes, les Stambouliotes marchent dans la même rue à Istanbul, qui est une ville très cosmopolite.  » Oktay Aktant estime lui aussi «  qu’on est sorti plus que jamais renforcé. On n’est pas un peuple d’abrutis, on a du vécu.  »